
Cette
plaque a été placée en 2013 sur la tombe de Pablo SÁNCHEZ à l'initiative de la
section girondine de l'Amicale des Anciens Guérilleros Espagnols en
France - FFI (AAGEF-FFI).
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70 ANS APRES SA MORT ...
Le 3 septembre 2014, le Ministère des Anciens Combattants faisait connaître la décision prise le 1er août décernant la mention "Mort pour la France"
à Pablo SÁNCHEZ.
Cette importante décision officielle faisait suite aux nombreuses
démarches entreprises et au dossier bien argumenté déposé par
l'AAGEF-FFI largement soutenue par les associations d'anciens
combattants et résistants du département de la Gironde.
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NOTE : cet article comporte quelques inexactitudes
(voir ci-contre la réalité des faits rapportés par Ángel Villar Tejón)
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A la fin du
mois d'août 1944, la 31e Brigade de guérilleros (ancienne 3e Brigade
voir NOTE ci-dessous) pénètre dans Bordeaux. Cette brigade,
commandée par Eduardo CASADO (Barbas), est l'une des quatre brigades qui forment la 24e Division de Guérilleros - FFI - UNE sous les ordres du commandant Marta (Mateo BLÁZQUEZ).
NOTE : Dans ses mémoires Mateo BLÁZQUEZ indique que la 3e Brigade a changé de numéro pour devenir la 31e Brigade "vers la deuxième décade d'août." - Source : Un Guérillero dans la Tourmente - Repères pour l'Histoire - ANACR - Juillet 2005.
PHOTO ci-dessous : le véhicule de commandement de Barbas arbore l'inscription "FFI-UNE - Agrupación de Guerrilleros - 24e División, 3a Brigada".
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Pablo SÁNCHEZ est né en 1913 à Lérida (Catalogne).
Ancien soldat de la Guerre d’Espagne, il se réfugie en France en 1939.
Engagé dans la Résistance via une unité de la Agrupación de Guérilleros Espagnols (FFI - UNE), Pablo SÁNCHEZ
a été tué par un tir allemand, à Bordeaux - à la sortie du pont de Pierre côté ville - le
dimanche 27 août 1944 vers 15 h, alors qu’il participait au déminage de l'ouvrage.
Il fut sans
doute le dernier résistant tombé à Bordeaux : la Libération de la
capitale d’Aquitaine, était effective le lendemain.
Le mercredi
30 août 1944, un immense cortège accompagna la
dépouille de Pablo SÁNCHEZ, depuis la place de Bourgogne jusqu’au
cimetière de Bordeaux Nord .
Dès 1944
une première stèle fut apposée par ses compagnons de combat, à
proximité de l’endroit où il tomba. Cette plaque originelle a disparu. Une autre
plaque, apposée en 1947, comporte des erreurs ou omissions
(1).
C'est
pourquoi l'Amicale des guérilleros de Gironde soutenue par toutes les
autres associations d'anciens combattants a proposé l'installation
d'une nouvelle plaque mentionnant cette fois l'unité FFI-UNE (24e División de Guerrilleros) à laquelle appartenait Pablo SÁNCHEZ ainsi
que la mention "Mort pour la France" (décernée en 2014). Cette plaque honorera ainsi plus justement la mémoire de ce héros de la Libération tué à l'âge de 31 ans.
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Depuis
plusieurs années, un large groupe d’associations girondines ont ranimé le souvenir de
cet événement emblématique, avec le soutien de personnalités de tous
horizons.
M.
Ángel VILLAR TEJÓN et son épouse Juliana BERROCAL MARTÍN, tous deux
anciens résistants présents lorsque fut tué leur compagnon Pablo
SÁNCHEZ, ont souvent relaté l’action à laquelle ils ont participé ce 27
août 1944.
« Vers
15 heures… on nous avait demandé de faire diversion rive gauche pour
permettre au groupe d’intervenir à l’opposé sur le pont mais il n’y
avait plus ni canon, ni Allemands. Nous avons vu surgir Pablo Sánchez à la sortie
du pont, rive gauche, en criant plusieurs fois « on a gagné », mais un
soldat allemand, caché dans une grue vers Saint-Michel, l’a
abattu d’une rafale de mitraillette. » (Journal Sud-Ouest - 13-04-2013)
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« Il leva les bras formant le V de la victoire...»
Témoignage d'Ángel VILLAR TEJÓN
La Déchirure : ouvrage collectif sous la direction de Laure LATASTE - Editions Liens - 2009
«
Le 27 août 1944, mon ami Eduardo CASADO, dont le nom de guerre était
Commandant Barbas de la 24e Division, désigna un groupe de maquisards
qui avait pour tâche de "nettoyer" le pont de Pierre que les Allemands
avaient dynamité avec l'intention de le faire sauter pour couvrir leur
fuite...
Conformément
aux ordres reçus, Pablo SÁNCHEZ pénétra sous le tablier et désamorça
les charges qui y étaient placées. A la sortie, fier d'avoir réussi sa
mission, il leva les bras formant le V de la victoire. Au même instant,
venant des gravières, une rafale de mitrailleuse le faucha. Il tomba
mortellement blessé. Le jour de son enterrement, une marée humaine
l'accompagna vers sa dernière demeure à travers cette ville à laquelle
il avait offert sa vie (...) »
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« TAC TAC TAC, une mitrailleuse abat Pablo »
Témoignage d'Ángel VILLAR TEJÓN (extraits)
recueilli par Henri FARRENY - Bordeaux - octobre - décembre 2014.
Seul
survivant de ces événements et témoin oculaire direct de la mort de
Pablo SANCHEZ au pont de Pierre, Ángel VILLAR TEJÓN (né en 1922)
témoigne :
« J'étais le chef de la
Résistance espagnole à la base sous-marine de Bordeaux, en liaison avec
Barbas (nom de guerre du commandant CASADO). Deux jours avant, nous
avons eu une réunion dans un local du quartier Cauderan avec Barbas et
une trentaine de guérilleros parmi lesquels Pablo. Barbas savait que le
pont de Pierre était miné. Les Allemands avaient commencé à quitter la
ville, leur canon qui était sur la place était parti.»
Le déminage décidé, Pablo se porte volontaire pour l'opération. Auparavant, décision est prise de repérer les lieux. « Barbas a demandé que les filles du groupe fassent (le lendemain) un peu de tapage près des grues et du pont pour savoir s'il était encore gardé.(...)»
Le repérage - auquel Ángel participe - semble indiquer qu'il n'y a pas d'Allemand. « On a cru que les Allemands étaient partis.» Le lendemain "le 27, vers 14h30", Ángel se trouve à la Fontaine de l'Artichaut proche des grues pour
observer. Il se souvient avoir vu Pablo qui sortait après avoir réussi
à sectionner le câble, les bras levés, en criant "On a gagné, on a gagné " et simultanément "TAC TAC TAC", une mitrailleuse abat Pablo. "Merde, il y avait un Allemand ».
Photo
ci-dessus : Ángel VILLAR TEJÓN a reçu en 2012 le diplôme d'honneur
décerné par l'AAGEF-FFI de la Gironde, association que préside Laure
LATASTE, fille de résistants, chevalier de la Légion d'Honneur. Ángel
est aussi titulaire de la Médaille de la Ville de Bordeaux décernée par
M. Alain JUPPE, maire de la ville.
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Liens
Août 1944 : un soldat allemand et un guerillero espagnol sauvent Bordeaux de la destruction
Sud-Ouest 22-08-2014
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